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Publié le 13 octobre 2021

Canon X Fujifilm

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Tout plaquer pour partir chez Fuji ! non pas complètement mais…

Encombrement, poids… ce sont les principales raisons qui m’ont motivées à trouver un compromis par rapport à mon équipement actuel. 

J’adore mes boitiers Canon!  Presque une vingtaine d’années à les utiliser, je les connais par cœur. Mais mes cervicales ont eu raison d’eux. Après des heures de reportage avec deux boitiers 5D Mark III et 5DSr montés en 24-70mm 2.8 et 70-200mm 2.8, j’ai du mal à les supporter!

Même si la nouvelle gamme hybride EOS R est vraiment réduite en taille et en poids, les optiques RF sont toujours assez imposantes en partie à cause de la taille des capteurs 24×36 des boitiers.

Une marque en particulier me faisait de l’oeil depuis quelques temps…

From Canon with Love for Fujifilm System

Les boitiers Fuji, c’est compact, c’est performant, et c’est fun. L’ergonomie m’a immédiatement séduit.

Pour mes besoins je recherchais un appareil compact et polyvalent « passepartout » avec un AF assez véloce, une résistance éprouvée au ruissellement et bien sûr une bonne qualité d’image. Après avoir survolé ce qui se faisait sur le marché, j’ai fini par opté pour la gamme XT de chez Fujifilm, avec deux XT-3, chacun équipé d’un 16-55mm 2.8 (eq. 24-82mm) et un 50-140mm 2.8 (eq. 75-210mm). Léger au look un peu « Argentique », le Fuji XT-3 est encore considéré comme le meilleur rapport qualité/prix, même si, à l’heure de la rédaction de cet article, ce produit arrive en fin vie, remplacé par le XT-4.

Pas de regrets. Les fichiers issus du boitier sont très bons, même au format Jpeg. Les simulations de film sont extras. On a le sentiment d’obtenir un rendu plus proche d’un film argentique, avec des nuances propres à chaque simulation, parfaites pour le reportage.

Pas de mode PASM comme la plupart des reflex mais une approche qui rappel là aussi une époque moins numérique ou l’on prenait le temps de faire des images. Moins de boutons, mais des molettes pour choisir les valeurs  ISO, le temps de pause etc… bref une approche appréciable. Un peu dérouté au début mais j’ai vite pris mes marques.

Côté performances, la montée en ISO n’est pas mauvaise, plus ou moins semblable à ce que fait un 5D mark III. La réactivité de ces petits boitiers est excellente, rafale autofocus… que du bonheur.

Simulations de film

Les boitiers Fuji sont connus pour leur colorimétrie particulière grâce aux simulations de film développé par Fuji. Ces Simulations ne sont pas faites pour coller exactement aux films argentiques, mais pour donner une sensation plus naturelle et moins numérique aux images et adapter le rendu suivant le sujet photographié.

Par exemple une simulation Classic Chrome donne des tons légèrement désaturés, un peu délavés et old school, ce qui est parfait pour du reportage éditorial. Ce rendu limite l’excès de couleur et donne un côté un peu intemporel difficile à décrire.

L’astia par exemple et plus adaptée pour les portraits donnant un teint plus doux et naturel aux tons de peaux.

On trouve aussi la Velvia, bien connu des photographes de paysage, qui fait exploser les couleurs et les contrastes. Personnellement, je n’en suis pas fan, mais parfois en montagne sous un ciel bien bleu et une nature verdoyante, ça peut donner des résultats intéressants.

Provia, c’est un peu le standard, le profil est un bon équilibre entre tonalités et saturation, il sera adapté à la plupart des situations. Il y a aussi la Classic Negative et son côté nostalgique/rétro. Les simulations Pro Neg Standard ou High, dérivées des simulations Astia, moins prononcées et avec des tonalités plus douces bien appréciées en studio. l’Eterna plus adaptée à la vidéo pour ces faibles contrastes…

Il y a aussi la simulation noir & blanc ACROS, différente d’un mode monochrome. Cette simulation donne le sentiment du rendu d’une image tirée sur papier photo. La tonalité des zones sombres est très douce et détaillée sans pour autant sacrifier les tons clairs. La subtilité de cette simulation réside dans le fait qu’elle rend le bruit numérique souvent disgracieux en texture proche du grain argentique et la rend si unique et naturelle.

Bref, il faut l’essayer pour véritablement se faire une idée tellement le monde de la chromie et subtil et subjectif. Mais c’est un point fort de Fuji qui a fait un travail assez remarquable sur ce point.

film_simulation_chart
Graphique des différentes simulations de film par Fujifilm. ©Fujifilm

Fuji à réaliser une série d’articles très informatifs sur les simulations de film disponibles sur leurs boitiers.

https://fujifilm-x.com/global/stories/the-world-of-film-simulation-episode-1/

Différentes simulations de film disponibles sur les boitiers Fujifilm:

Différentes recettes à base de simulations de film et des réglages disponibles sur les boitiers Fuji:

Note :

Il faut différencier les simulations de film qui sont des profils colorimétriques développés par Fujifilm et appliqués aux images, et les recettes de simulation qui sont obtenues en utilisant les différents paramètres disponibles sur les appareils photos Fuji (Grain, Tonalité, saturation, plage dynamique…) combinés aux simulations de Film .

Suivant les boitiers Fuji ont retrouve la plupart des paramètres suivants:

  • Simulations de Film : Provia, Velvia, Astia, Classic Chrome, ProNeg. Hi, Pro Neg. Std, Classic Neg, Eterna, Nostalgic Neg., Acros Std, Acros R, Acros R, Acros G, Monochrome Std, Monochrome Ye, Monochrome R,  Monochrome G, Sepia
  • Plage dynamique: DR100, DR200, DR400, DRAuto
  • Hautes Lumières : +4 à -2
  • Ombres : +4 à -2
  • Couleurs : +4 à -4
  • Réduction du Bruit : -4 à +4
  • Détails : -4 à +4
  • Netteté : -5 à +5
  • Effet de Grain : Off, Weak Small ou Large, Large Small ou Large
  • Effet Color Chrome : Off, Weak, Strong
  • Effet Color Chrome Blue : Off, Weak, Strong
  • Balance des blancs : Auto, Auto White, Auto Ambient, K°, Daylight, Fluorescent 1, 2 ou 3, Incandescent, Under Water. Une mire avec les coordonnées colorimétriques Rouge et bleue pour ajuster plus finement la balance des blancs et l’équilibre des couleurs est aussi disponible.
Le photographe Ritchie Roesch à mis à disposition d'excellentes recettes sur son site Fuji X Weekly pour imiter les films argentiques Fujifilm grâce aux différentes simulations de film et paramètres des boitiers Fuji.

Visiter Fuji X Weekly



Kevin Mullins présente aussi des recettes Fuji d'excellente qualité:

Visiter le site de Kevin Mullins



Quelques recettes du site https://lifeunintended.com

Visiter le site lifeunintended.com



Immanuel Sander propose également des recettes intéressantes sur son site CAPTN LOOK

Visiter CaptnLook

Ergonomie, design et ressenti ?

On oublie les mode PSAM si commun à de nombreux boitiers aujourd’hui. Fuji est revenu aux fondamentaux et s’appuie sur un système de molettes où l’on choisit ses réglages d’ouverture, de temps et de valeur ISO.

On a plus le sentiment de ressentir la création des images. Même si tout est configurable pour assigner chaque bouton à une fonction personnalisée et se passer des molettes, c’est ce qui séduit chez Fuji. Et la plupart des utilisateurs restent pour ça. En reportage par temps froid lorsque l’on porte des gants, par exemple, les molettes ont un net avantage par rapport aux boutons et en plus, on voit directement sur quelles valeurs est réglé le boitier.

La gamme XT surprend aussi par sa taille au début pour les habitués des reflex mais on s’y fait vite.

Fini la visée optique pour un viseur électronique.  On a pas la clarté et le confort d’un viseur optique de reflex, tout est plus contrasté, mais le fait de voir l’exposition approximative en directe, les alertes de sur-exposition ou même encore le « Focus peaking »  (Aide de mise au point en affichant les contours en couleurs flashy des zones avec les bords les plus contrastés) c’est tout de même génial.

On aime ou on aime pas, mais il faut reconnaitre que c’est super pratique.

Fuji XT-3 | XF 16-55mm f/2.8R LM WR
Fuji XT-3 | XF 16-55mm f/2.8R LM WR

Poids & encombrement

En remplaçant mon combo de 5D Canon, j’ai pratiquement divisé par 2 le poids total sur mes épaules , passant de 4,3 Kg à 2,7 Kg, ce qui n’est pas négligeable.

Cette perte de poids s’accompagne également d’une compacticité, qui en plus  d’une meilleure liberté de mouvement, permet une certaine discrétion bien appréciable.

Canon 5D Mark III + 24-70 = 1,80 Kg

Fuji XT-3 + 16-55 = 1,2 Kg

Canon 5DSr + 70-200 = 2,5 Kg

Fuji Xt-3 + 50-140 = 1,5 Kg

Le site Camerasize permet de comparer l’encombrement de chaque boitier côte à côte.

Images © Camerasize.com

Comparaison de taille en haut Fuji XT-3 & Canon 5DMarkIII
La nouvelle gamme EOS R de chez Canon à considérablement réduit la taille des optiques, mais le poids et surtout les tarifs restent tout de même plus élevés. Image © Camerasize.com

Les Pour / Les Contre

J’aime l’ergonomie générale , la taille, la qualité de fabrication, le viseur électronique, et aussi les simulations de film et la qualité des fichiers Jpeg sortis de boitier.

Il y également la dynamique du capteur et plus particulièrement la fonction DR pour « Dynamic Range ». Cette fonction permet d’étendre la gamme dynamique par un traitement interne de l’appareil en mixant les tons clairs et sombres en utilisant des sensibilités ISO plus élevées. bref, on pourrait penser à un mode HDR mais ce n’en est pas un. L’image est capturée en une seule prise et le résultat est très naturel.

Il y a 3 mode DR.

Le DR100, l’image est capturée normalement et aucun traitement n’est effectué.

Les modes DR200 et DR400. Le premier sous expose d’un stop et les deuxième de 2 stops de façon à préserver les hautes lumières. Puis l’appareil procède à un traitement interne et ré-équilibre l’exposition de l’image de façon à éclaircir les ombres sans cramer les hautes lumières. Ce n’est pas miraculeux, mais ça aide dans des situations de forts contrastes. Attention à ne pas abuser du DR400 qui donne parfois des résultats un peu artificiels.

Comme dit plus haut, la taille de la gamme des boitiers XT est très compact. Comparé à du reflex 24×36, ça parait minuscule, mais on s’y fait vite. Certains photographes rajoutent des L-Bracket ou des grips batteries permettant une meilleure prise en mains en agrandissant la poignée. Pour ma part, je ne suis pas très fan, j’ai investi dans un système compact et ce n’est pas pour le « dé-compacter » mais je comprend ceux qui utilisent ces accessoires à cause de leurs grandes mains. Le grip batteries à aussi l’avantage d’augmenter l’autonomie assez faible des XT-3.

J’aime aussi le viseur électronique pour tous les points abordés plus haut.

Par contre, il faut reconnaitre que les menus chez Fuji, c’est pas encore ça. Ils sont nombreux, pas forcément ordonnés de manière logique et la traduction laisse parfois à désirer. Vive l’onglet menu personnalisé pour mettre seulement les options que l’on a besoin sans passer du temps à chercher dans les interminables paramètres à disposition.

Autre point faible, c’est peut être l’écran orientable. Beaucoup de problèmes on été reportés sur la fragilité de la rotule de l’écran LCD sur XT-4 qui casse facilement. Le XT-3 n’a pas ce défaut mais l’articulation de l’écran LCD paraît un peu fébrile. Ça tiens le coup, mais le mécanisme est complexe.

La mise au point par reconnaissance faciale, bien que pratique est aussi un peu à la traine par rapport à la concurrence (Canon et Sony). En plein jour ça roule, mais dès que la lumière baisse, ça patine un peu.

Les batteries sur les XT-3 ont une autonomie plus faible que sur le XT-4 et ses nouveaux modèles. C’est à mon avis un gros point faible. Toujours avoir des batteries de secours dans la poche. Elle sont assez compactes donc ce n’est pas trop gênant.

Enfin, pas de stabilisation IBIS sur le XT-3 contrairement au XT-4 plus récent. Mais ça ne pas jamais vraiment gêné. Par contre en vidéo c’est vraiment un plus… 

Et Canon alors?

Même si  Fuji me convient parfaitement pour du reportage, pas question de dire au revoir à Canon pour l’instant, tout particulièrement en architecture et en studio.

Pour l’architecture (et même en paysage), j’utilise à 90% du temps des optiques à décentrement/bascule (TS-E 17 et 24 mm). Sur  un capteur 24×36 ça permet de profiter complètement des possibilités offertes par ces systèmes, comme lorsqu’il est nécessaire de corriger les verticales et la perspective. Plus de bâtiments inclinés, des possibilités de compositions étendues et la possibilité de fusionner les images permettant d’obtenir l’équivalent d’une optique 11mm!

En studio, la résolution et la fidélité des couleurs d’un Canon 5DSr, couplé par exemple à un 85mm 1.2 ou un 100mm macro reste pour l’instant mon choix favori. Ce « papi », sortie en juin 2015,  est encore  vraiment dans le coup dans un monde numérique où tout évolue rapidement. Même si le Fuji XT-3 est tout à fait capable d’être utilisé dans cet environnement, je préfère encore Canon pour ce domaine photographique notamment pour le viseur optique, la résolution et la restitution colorimétrique très fidèle des boitiers Canon qui correspondent plus à ma pratique et mes exigences. Je trouve également les fichiers RAW Canon un peu plus flexible en traitement de l’image surtout pour de la photographie commerciale où la restitution des couleurs doit être la plus fidèle possible. Non pas que Fuji soit à la traîne, mais pour certaines nuances, la subtilité de traitement des fichiers Canon est à mon avis légèrement plus fine, peut être du fait de la taille du capteur en 24×36. Mais parfois, lorsque je recherche un style de rendu particulier, là encore les simulations de film des boitiers Fuji donnent une approche particulière et permettent d’obtenir des teintes interessantes propre à la marque. Par exemple, j’aime utiliser la simulation de film PRO Neg. Std pour le studio. Cette simulation donne un rendu particulier très doux et légèrement désaturé avec une teinte subtilement froide et parfaitement adaptée à l’éclairage aux flashs de studio.

C’est ici que la gamme GFX de Fuji moyen format est par contre très adaptée, mais c’est une autre histoire…

Conclusion et exemples d'images

Même si je préfère la visée plus confortable des reflex traditionnels ou mon Fuji XPro-3 pour le côté ergonomique et passe partout pour mes projets perso, j’aime vraiment cette gamme XT. La technologie embarquée dans ces boitiers, l’approche hybride, la taille réduite  et le niveau sonore très silencieux font de ces appareils quelque chose qui se rapproche de la perfection technique.

Le XT-4 a l’avantage d’utiliser des batteries de plus grande capacité, une stabilisation IBIS du capteur et un mode video plus complet, mais pour moi ne justifie pas l’écart de prix ou la mise à niveau pour qui possède déjà un XT-3 ou cherche un appareil performant avec un bon rapport qualité/prix. C’est vrai que le XT-4 se rapproche par contre encore plus du boitier parfait. Le seul défaut du XT-4 est à mon avis l’écran orientable, trop fragile, auquel je préfère celui du XT-3 et qui permet également des prises de vues ventrale.

Chacun est différent avec ses propres exigences, et il n’y a pas d’appareil photo parfait, mais pour moi Fuji à fait un excellent travail et a été à l’écoute des utilisateurs!

Alors pourquoi pas la gamme EOS R de chez Canon?

Pour l’instant, mon équipement actuel Canon me suffit amplement, et mon matériel Fuji est suffisant pour mon utilisation en reportage. Le tarif de la nouvelle gamme Canon R est vraiment élevée. Par contre la technologie embarquée et la réduction de poids et de taille sont vraiment tentantes, alors un jour peut-être, sûrement …

Mais une chose est sûre, l’approche et le design des boitiers Fuji font que je vais encore rester un moment avec!

Textes et photos © Nicolas Logerot, sauf mentions contraires.

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