...
nicolaslogerot-logo.svg

Publié le 26 mai 2023

Le développement RAW sous Lightroom : Optimisez vos images avec un profil linéaire

LIKE

Sommaire

Préambule

J’ai écrit cet article, car on ne trouve pas ou très peu d’explications détaillées sur la procédure de développement d’un fichier RAW à l’aide d’un profil linéaire.

La plupart des articles décrivent comment créer ces profils linéaires et proposent d’utiliser le bouton « Auto » du module « Réglage de base » de Lightroom, puis, en s’appuyant sur les résultats, de bidouiller les curseurs jusqu’au résultat souhaité… Très aléatoire et pas très précis tout ça !

Alors qu’il suffit de suivre une procédure très simple, un ordre personnalisé de traitement pour exploiter tout le potentiel et la latitude qu’offre un fichier RAW bien exposé.

BIEN EXPOSÉ, car je pense et je suis convaincu que le bon développement d’un fichier RAW passe avant tout par une bonne exposition à la prise de vue. L’un ne va pas sans l’autre !

Alors on pourra dire que le format RAW permet de rattraper bien des erreurs, dont la plus courante et une mauvaise exposition, mais si l’exposition est mauvaise, vous ne pourrez, comme nous allons voir plus loin, pas profiter de tout le potentiel du fichier et les nuances des teintes disponibles seront restreintes et non optimales, vous aurez des zones écrêtées et irrécupérables.

Mon processus de développement est très simple et me permet de profiter au maximum des données présentes dans un fichier RAW. Il faut garder à l’esprit que toutes les images ne nécessitent pas obligatoirement le passage par un développement en profil linéaire, mais pour les scènes complexes à fort contraste ça peut être intéressant.

Pour l’exemple de cet article, j’ai choisi une photographie effectuée lors d’un reportage pour l’inauguration d’un complexe sportif à l’effigie du champion olympique Quentin Fillon-Maillet. Cette image a été réalisée à la fin de la conférence de presse, à main levée sur un Fuji XT-3 muni d’une optique XF 16-55 2.8 à 16mm F/8, 1/800 s et 640 ISO (DR400 sur Fuji donc ISO mini à 640 avec cette configuration). 

Le mode DR de chez Fuji, permet par une astuce d’obtenir une dynamique légèrement plus grande que ce que permet le capteur, mais en doublant la valeur ISO. La valeur native à DR100 est de 160ISO, et passe à 320 ISO à DR200 et 640 ISO à DR400. La contrepartie est une légère montée de bruit, mais en exposant correctement et avec un post-traitement en profil linéaire, ce n’est pas un soucis. En cas de très fortes lumières, il devient difficile de travailler en pleine ouverture, ou alors il faut recourir à vitesses élevées ou des filtres gris neutres pour abaisser la quantité de lumière qui atteint le capteur.

Et oui, les fichiers RAW prennent bien en compte ces valeurs DR (Dynamique Range) et les logiciels de dématriçage comme Lightroom ou CaptureOne exploitent bien ces données. Cette fonction est très bien expliquée sur le blog de John Peltier.

Développement RAW

Le développement des fichiers RAW est une étape cruciale pour les photographes cherchant à obtenir le meilleur rendu possible de leurs clichés. Lightroom, par exemple, offre de nombreuses fonctionnalités puissantes pour améliorer et transformer vos images. Parmi ces outils, l’utilisation d’un profil linéaire peut être un moyen efficace d’obtenir des résultats précis et naturels. Dans cet article, nous allons explorer la meilleure manière de développer un fichier RAW sous Lightroom en utilisant un profil linéaire, afin de vous aider à tirer le meilleur parti de vos photographies.

Si Capture One propose des profils linéaires par défaut pour la plupart des boîtiers photos, a contrario, dans Lightroom, il est nécessaire de créer ou de trouver des profils linéaires des boîtiers photo que vous utilisez. On peut créer des profils linéaires pour Lightroom avec Adobe DNG profil Editor (Petite application autonome pour créer des profils pour différents boîtiers photo) en suivant les méthodes décrites ICI, ou télécharger gratuitement la plupart des profils linéaires des boîtiers actuels sur le site de Tony Kuyper (anglais), avec en prime une explication bien détaillée de ce qu’est un profil linéaire.

Personnellement, après avoir essayé un certain nombre de profils linéaires de sources différentes, j’ai retenu et utilise les profils NEGLIN-LR de NEG-MASTER (Payant 25 € le pack), qui offre un rendu plus naturel, en deux versions, monochromatique (noir & blanc) et couleurs. Ils présentent l’avantage d’être très neutre aussi bien en lumière naturelle qu’en lumière artificielle. Les profils mis à disposition par Tony Kuyper sont aussi une très bonne référence avec une différence subtile suivant les scènes capturées. Je les utilise parfois quand ils conviennent mieux dans certains contextes.

Idée préconçue

Lorsque vous appliquez un profil linéaire dans Lightroom à un fichier RAW, cela signifie que vous utilisez un profil qui ne modifie pas de manière significative la tonalité ou la couleur de l’image. Contrairement à un profil standard, qui est généralement conçu pour apporter une esthétique spécifique à l’image, un profil linéaire conserve les données brutes de l’image sans appliquer de corrections ou d’ajustements importants.

L’application d’un profil linéaire dans Lightroom ne permet pas d’obtenir une dynamique du fichier RAW plus grande que le développement avec un profil standard, car la dynamique d’un fichier RAW est déterminée par les informations contenues dans les données brutes capturées par le capteur de l’appareil photo. Lorsque vous prenez une photo au format RAW, vous enregistrez toutes les informations capturées par le capteur, ce qui vous donne une plus grande plage dynamique par rapport à un fichier JPEG, par exemple.

Dans Lightroom, vous pouvez exploiter cette plus grande plage dynamique en ajustant les paramètres tels que l’exposition, les ombres, les hautes lumières, etc. Cependant, l’application d’un profil linéaire ou standard ne change pas fondamentalement la quantité d’informations brutes disponibles dans le fichier RAW. Le profil linéaire peut simplement fournir une visualisation plus neutre de ces données, tandis qu’un profil standard peut appliquer des courbes de tonalité et d’autres ajustements pour donner une apparence particulière à l’image.

En d’autres termes, les valeurs des points les plus sombres ou des plus claires restent les mêmes, mais la transition entre le point le plus sombre et le point le plus clair capturé dans l’image est plus douce. Cela vous permet par exemple d’obtenir un beau dégradé de nuances de blancs dans les hautes lumières comme dans un nuage très clair.

Mais du fait, cela ne permet pas d’étendre la plage dynamique de l’appareil photo. Si votre boîtier permet une plage dynamique de 14 IL par exemple, l’application d’un profil linéaire ne fera pas gagner plus de dynamique, votre fichier conservera cette plage de 14 IL. À vous d’exploiter au mieux toutes ces informations contenues dans le fichier.

Comprendre les profils linéaires

Un profil linéaire est une représentation des données brutes d’un fichier RAW sans aucune correction ou interprétation appliquée. Contrairement aux profils de caméra ou aux préréglages créatifs, un profil linéaire vous offre une base neutre à partir de laquelle vous pouvez commencer votre processus de développement. Il conserve les détails et la dynamique de votre image, vous permettant ainsi de travailler avec précision et de prendre le contrôle total de l’apparence finale de votre photo.

Exposer à droite

Rien ne sert de développer un fichier RAW en profil linéaire si la prise de vue n’est pas optimisée.

Les bases pour exposer correctement une photographie numérique au format brut :

  • Photographier au format RAW (CR2 ou CR3 pour Canon, NEF pour Nikon, RAF pour Fuji etc.)
  • Exposer pour les hautes lumières, ou exposer à droite. C’est-à-dire qu’on règle notre boîtier pour que globalement la photo soit visuellement sur-exposée, mais que les hautes lumières ne soient pas cramées. En réalité, la photographie n’est pas sur-exposée comme on l’entend souvent mais plus optimisée.

Exposer à droite signifie de mesurer correctement l’exposition grâce à une mesure précise d’une zone de l’image en utilisant le posemètre intégré au boîtier (en mesure spot) et en appliquant une méthode de « compensation », puis en optimisant cette valeur de +1,33 IL.

En environnement studio (intérieur ou extérieur) on préférera utiliser un posemètre/flashmètre permettant une mesure précise et beaucoup moins empirique et aléatoire.

En reportage, néanmoins, ou la réactivité est primordiale, la cellule du boîtier, bien utilisée et avec l’habitude, permet d’obtenir de bons résultats.

Sur le tableau suivant, voici quelques références les plus utilisées. On règle le boîtier en mesure spot, et on mesure l’exposition dans une zone définie proche du tableau suivant et on règle la jauge d’exposition du viseur en fonction des valeurs (compensation) du tableau. La mesure doit être faite soleil dans le dos.

Mesure (mesure spot) Compensation Optimisation (+1,33 IL)
Zone très sombre, voir noire - 3 IL - 1,6 IL
Matière sombre, vêtement noir - 2 IL - 0,6 IL
Gris foncé, asphalte foncée - 1 IL + 0,3 IL
Visage africain - 0,3 IL à - 0,6 IL +0,6 IL à + 1 IL
Gris 18%, paume de la main, herbe, ciment standard 0 + 1,3 IL
Visage caucasien, asiatique ... + 0,6 IL à + 1 IL + 2 IL à + 2,3 IL
Ciel bleu, béton clair + 1 IL + 2,3 IL
Nuage blanc, neige, mur blanc très clair au soleil + 2 IL + 3,33 IL

Tableau de référence « mesure, compensation et optimisation »

Valeur optimisée

On pourrait en rester là et obtenir une exposition correcte. Mais comme nous sommes en numérique, on optimisera l’exposition en ajoutant +1,33 IL (colonne Optimisation +1,33 IL) sur la valeur de référence (colonne compensation du tableau ci-dessus). Ces valeurs empiriques restent des références qui peuvent variées suivant la situation et les conditions de prises de vues. Veuillez ne pas les prendre comme valeurs sûres. Il vous faudra un peu d’exercices et avec l’habitude vous vous ferez vos propres références personnalisées.

Pour être valable à 100 %, la mesure doit être faite avec un posemètre/flashmètre en lumière incidente

Une valeur de +1,33 IL conviendra à la plupart des boitiers photos actuels. Certains boîtiers comme Sony ou les moyens formats Hasselblad par exemple, permettent même une optimisation à +2 IL.

L’exposition correcte est au moins aussi importante en numérique qu’elle l’est en argentique, mais dans le royaume du numérique, exposition correcte signifie que l’on doit maintenir les hautes lumières aussi proches que possible de la saturation, sans réellement l’atteindre.

Pour faire une exposition correcte, la mesure en mode mesure spot, à été faite sur la partie la plus claire de l'image, en l'occurence la partie très claire du nuage entouré en rouge.

Pour illustrer cet article, prenons la photographie ci-dessus, capturée dans le cadre d’un reportage pour l’inauguration du nouveau complexe sportif à l’effigie de Quentin Fillon-Maillet (champion Olympique de biathlon).

Durant le reportage, le ciel était complètement voilé rendant la scène tristement fade. À la fin de la cérémonie d’inauguration, lorsque tout le monde était encore à l’intérieur du complexe, j’ai profité d’une éclaircie pour rapporter une vue globale extérieure du complexe sportif.

À main levée, j’ai cherché un angle de prise de vue, puis, une fois ma composition trouvée, j’ai zoomé sur le gros nuage blanc juste au-dessus du bâtiment, et j’ai réalisé une mesure spot à l’endroit entouré par le cercle rouge en effectuant une compensation de + 2IL, puis une optimisation de +1,33 IL (soit +3,33 IL cf. tableau « mesure, compensation et optimisation »). On mémorise l’exposition, on recarde en faisant la mise au point et on déclenche.

La photo ci-dessus, n’a subit aucun traitement, le fichier RAW a seulement été importé dans Lightroom et seul le profil « Adobe Standard v2 » est appliqué par défaut. Même si la photo apparaît sur-exposée, l’image possède bien toutes les informations de nuances de teintes avec de très riches dégradés et un signal très propre sans bruit.

Note : il est bien évident que l’optimisation de +1,33 IL ne fonctionne qu’avec le format RAW. En format JPEG directement sorti du boîtier, cette méthode ne fonctionnerait pas bien parce que le format JPEG n’est pas un fichier de travail, mais bien un fichier de rendu final. Même s’il est possible de faire quelques améliorations légères sur une image au format JPEG, il n’est pas flexible, déjà parce que c’est un format compressé et les informations de couleurs sont fixes (balances des blancs).

On préférera donc le format RAW au format JPEG pour des besoins de post-production particuliers ou des scènes complexes, et le JPEG s’il n’y a pas besoin d’intervenir sur l’image.

En travaillant en JPEG, on appliquera donc seulement la valeur de référence « Compensation » du tableau « mesure, compensation et optimisation » ci-dessus.

Le posemètre/flashmètre permet de mesurer la lumière incidente de manière précise, que se soit en studio ou à l'extérieur.

Attention, cette valeur d’optimisation de +1,33 n’est valable que dans le cadre d’une mesure incidente au flashmètre/posemètre. L’optimisation en mesure réfléchie est possible, mais ce n’est qu’une interprétation, et vous devez tout de même maîtriser ce point et avoir une bonne connaissance de votre matériel. Chaque situation qui se présentera sera différente.

Pour optimiser l’exposition en utilisant un posemètre/flashmètre, il suffit de faire une mesure en lumière incidente avec la lumisphère en direction de la source lumineuse et de reporter le résultat de la mesure sur votre boitier en appliquant une optimisation de + 1,33 IL.

Par exemple, vous régler sur le posemètre/flashmètre la valeur ISO et le temps de pose désiré (Disons, ISO 100 à 1/160° de sec.), vous mesurer la lumière et le résultat obtenu indique une valeur d’ouverture de f/8, alors vous devrez régler l’ouverture sur votre boitier à F/5. Ce qui équivaut à un exposition de + 1,33 IL (voir graphique « Échelle d’ouverture du diaphragme » ci-dessous).

Echelle des diaphragmes par valeur de diaph' et de tiers de diaph'.
Pour une valeur de mesure du posemètre à f/8, on reporte sur le boitier une valeur optimisée de + 1,33 IL soit 1 Il et 1/3 IL ou 4 tiers, donc f/5

A contrario, si vous souhaitez maintenir l’ouverture f/8 de votre diaphragme, vous pouvez soit jouer sur le temps de pose et et reporter une valeur optimisée de 1/60° de sec. ou une valeur ISO de 250, ou jouer sur les deux valeurs de temps de pose et de sensibilité ISO et pour une valeur des réglages f/8, 100 ISO, 1/160° de sec., obtenir une valeur optimisée de f/8, ISO 200, 1/125° de sec.

Alerte de surexposition du boitier

Alors avec cette méthode, si l’alerte de surexposition est activée sur le boîtier, il y aura à coup sûr des zones qui vont clignoter vous faisant penser que l’image est cramée (écrêtée) et inexploitable !

Mais n’ayez crainte, les boîtiers sont juste conçus pour une utilisation du grand public et par sécurité, ces zones clignotent bien avant la perte réelle d’informations.

Si vous ouvrez l’image dans Lightroom ou une autre application de dématriçage, l’alerte exposition des zones écrêtées sera différente et minime par rapport à l’affichage du boîtier, mais il restera encore beaucoup d’informations à exploiter. Les alertes des zones écrêtées sont en général réglées à un niveau de 85 ou 90 % de la plage dynamique par défaut. Dans Lightroom, les zones écrêtées apparaissent quand une des trois couches RVB atteint 99,5 % de la plage dynamique. Dans capture One, vous pouvez régler les valeurs d’alerte des zones noir et blanc.

Si une couche est à 100 % et que les deux autres couches ne sont pas écrêtées, vous pourrez encore, dans une moindre mesure, récupérer des détails. Si les trois couches sont écrêtées, alors la zone est cramée et il n’y a plus d’informations de couleurs et la partie de l’image concernée est du blanc à 100 % en cas de zone claire ou 0 % pour les zones sombres.

Avec l’habitude, vous connaîtrez les limites de votre boîtier et la quantité de zones surexposées à ne pas dépasser.

Aperçu des zones écrêtées sur l'écran du Fuji XT-3
Les zones écrêtées clignotent en noir et l'histogramme est collé à droite. Pourtant, on verra qu'au développement du fichier RAW, il y a encore de la marge avant de perdre les détails dans les hauteslumières. L'alerte des zones écrêtées se base sur l'aperçu au format JPEG. Écran LCD au dos du boitier (Fuji XT-3)

Pourquoi exposer au maximum à droite ?

The signal to noise ratio

En décalant l’exposition vers la droite (partie la plus claire) sans cramer l’image, on obtient un fichier riche comprenant le maximum d’informations dans les couches de couleurs avec un minimum de bruit. Le bruit est très présent dans les zones sombres en numérique et du fait, ces zones sont plus difficiles à travailler, alors que les zones claires seront exemptes de bruit et seront plus faciles à travailler avec des teintes plus riches et sans bruit. C’est le ratio entre bruit et signal.

Sans optimiser la mesure de +1,33 IL, on perd donc beaucoup d’informations, environ 50 % de la plage dynamique, puisqu’il faut le savoir, dans un fichier numérique, les valeurs des teintes ne sont pas réparties linéairement, comme le montre le graphique ci-dessous.

Il y a seulement environ 3 % des informations dans les valeurs très sombres.
Environ 6 % dans les valeurs sombres
Environ 12,5 % dans les valeurs moyennes
Environ 25 % dans les hautes lumières
Et environ 50 % dans les très hautes lumières

Valeurs moyennes pour des capteurs de 14 bits, 12 bits et un fichier JPEG de 8 bits. On se rend bien compte que travailler directement sur un fichier JPEG est très limité !

Sur le schéma ci-dessus, on voit donc que la zone des très hautes lumières qui représente 1 IL, contient 50 % des informations, soit la moitié des informations de l’image !

Donc si votre image est sous exposée de 1 IL, par exemple 1/200° au lieu de 1/100°, vous perdrez donc 50 % des nuances.

Il est donc indispensable de bien optimiser l’exposition dès la prise de vue.

Mode de développement

J’ai cherché la meilleure manière de développer un fichier RAW à l’aide d’un profil linéaire sur le web ou dans des livres, mais aucune source n’expliquait réellement comment développer les fichiers manuellement ainsi que la procédure à suivre.

Beaucoup de sources (comme Tony Kuyper) préconisent de cliquer en priorité sur le bouton « Auto » du module « Réglage de base » de Lightroom pour avoir un fichier équilibré rapidement avec de bons résultats.

Premièrement, je trouve dommage de se fatiguer à vouloir développer un fichier avec profil linéaire afin d’exploiter toute la latitude de traitement possible d’un fichier et de se servir d’un automatisme aussi rudimentaire.

Deuxièmement, je n’ai jamais été convaincu par ce réglage « Auto » (même pour des développements en profil standard). Les curseurs sont poussés de manière excessive et les rendus ont rarement un aspect naturel.

Même si on peut se servir de ce réglage Auto comme une base de départ, je trouve qu’il est aussi rapide, voire bien plus rapide de faire ça en manuel. Une fois la procédure acquise, vous développerez votre fichier, en profil linéaire, en 1 à 2 min.

De plus, vous pourrez créer un Preset de développement pour chaque boîtier et si vous exposez vos images de manière homogène, vous n’aurez que quelques retouches d’ajustement à effectuer.

Importation et ajustements de base

Premièrement, il vous faut importer les profils linéaires dans Lightroom. Pour ce faire, lancer le module Développement de Lightroom et dans le panneau « Réglages de base », sous « Profil » cliquez sur les 4 petit carrés et cliquez sur le symbole « + » dans la barre « Explorateur de Profils » et choisissez « Importer des Profils ».

Vous les retrouverez sous forme de vignette dans l’explorateur de profils et si vous cliquez sur la petite étoile, vous ajouterez les profils souhaités en favoris et ils apparaîtront dans la liste déroulante par défaut.

Avant de commencer à travailler avec un profil linéaire, importez votre fichier RAW dans Lightroom. Assurez-vous qu’aucun pré-traitement ou paramètre prédéfinit n’est appliqué au fichier. Pour s’en assurer, on peut cliquer sur le bouton « Réinitialiser » du module développement de Lightroom.

Image brute importée dans Lightroom avec un profil Adobe Standard v2. L'image apparait sur-exposée, mais aucune zone n'est écrêtée

Appliquer un profil linéaire

Pour appliquer un profil linéaire, accédez au panneau « Réglage de base » dans le module « Développement » de Lightroom. Vous y trouverez une liste de profils disponibles, y compris les profils linéaires (si vous les avez mis en favoris comme précisez dans le paragraphe précédent). Choisissez le profil linéaire qui correspond le mieux à vos préférences et à l’esthétique que vous souhaitez atteindre. Gardez à l’esprit que chaque profil linéaire (si vous avez plusieurs sources) peut donner une apparence légèrement différente à votre image, alors prenez le temps d’explorer les différentes options pour trouver celle qui convient le mieux à votre photo. Il faut aussi préciser que seul les profils correspondant au boîtier qui a servi à capturer l’image en question apparaîtrons, donc impossible d’utiliser des profils linéaires calibrer pour d’autres boîtiers photos.

Ajustements fins

Aperçu avant / après. À droite, l’image à seulement un profil linéaire appliqué, à gauche l’image développée avec ce profil. L’avantage de procédé à l’optimisation de la prise de vue (+ 1,33 IL est que l’image (à gauche) retrouve un aspect quasi naturelle. Sans cette optimisation l’image apparaîtrait bien plus sombre et terne. Les différences d’alignements sont dues au redressement des perspectives de l’image afin de compenser l’angle de prise de vue et obtenir une image « architecturalement exploitable ».

Une fois que vous avez appliqué le profil linéaire, vous pouvez commencer à affiner les réglages pour améliorer l’apparence de votre image. Concentrez-vous déjà sur l’utilisation du panneau « Tonalité » qui vous permettra de jouer avec les ombres, les hautes lumières, les tons moyens et les courbes pour ajuster la tonalité globale de votre image. Gardez à l’esprit que l’objectif principal ici est de préserver les détails et la dynamique de votre photo tout en apportant des améliorations subtiles.

Donc, avant toute chose, je vous conseille en priorité d’activer les alertes de « sur-exposition » et de « sous-exposition » en cliquant sur les 2 triangles de chaque côté de l’histogramme et de régler la balance des blancs afin d’obtenir un réglage agréable à l’œil ni trop chaud ni trop froid. On pourra par la suite revenir sur ce point afin de régler encore plus finement le rendu lorsque celui-ci sera optimisé.

Ensuite, on va se concentrer sur seulement les 2 curseurs point blanc et point noir. En maintenant la touche Alt/Option enfoncée, on va déplacer le curseur Point Blanc jusqu’à l’apparition d’alertes de surexposition. Poussez jusqu’à dépasser légèrement les alertes, ne vous arrêtez pas avant qu’elles n’apparaissent, car il y a une légère marge et dans notre cas, sur un nuage bien blanc, une petite zone très légèrement écrêtée donne un peu de peps à l’image.

Puis fait de même avec le curseur Point Noir en poussant vers la gauche jusqu’à l’apparition d’alertes de zones sombres.

Maintenant, vous devriez obtenir un fichier dont la dynamique a été optimisée, mais le visuel parait encore terne avec une luminosité trop importante.

En vous rendant dans l’onglet « Courbe de tonalité », cliquez sur le milieu de la courbe et descendez la courbe vers le bas jusqu’à obtenir un bon équilibre dans les tons moyens. Vous pouvez vous aider de l’histogramme, mais avec un écran bien calibré, utilisez vos yeux jusqu’à obtenir un rendu agréable et équilibré en termes de luminosité. L’équilibre entre les tons sombres et les tons clairs doit refléter l’ambiance générale de la scène capturée.

Bien sûr, si vous n’avez pas optimisé l’exposition à la prise de vue (+1,33 IL) il y a fort à parier que vous n’aurez pas à toucher la courbe (dans ce cas appliquer lui un peu de contraste en lui donnant une légère forme de S) ou que vous deviez faire l’inverse, c’est-à-dire cliquer au centre de la courbe et déplacer le curseur vers le haut afin de redonner de la luminosité à l’image (au détriment des teintes des plus basses lumières qui contiennent plus de bruit, cf. graphique des teintes par couche plus ci-dessus).

Maintenant, revenez dans l’onglet « Réglages de base » et concentrez-vous sur le curseur « Contraste ». Augmentez la valeur jusqu’à obtenir une image ayant plus de « Peps ». N’hésitez pas à pousser ce curseur plus qu’habituellement, jusqu’à env. 30.

Maintenant, l’image devrait être déjà beaucoup mieux équilibrée. Vous pouvez revenir sur la balance des blancs et l’ajustée plus finement si nécessaire et faites attention aux points noirs et point blancs sur lesquels il faudra peut-être ré intervenir légèrement après rectification de la balance des blancs.

Réglez dès à présent les curseurs « Hautes Lumières » et « Ombres » du panneau « Réglages de base » pour adoucir les transitions dans les basses et hautes lumières.

Pour finir, ajoutez un peu de clarté (+6 à +10) et de texture (+5 à +8), de la vibrance (+12) et de la saturation (+3). Il s’agit de réglages persos dont il vous faut régler avec subtilité pour éviter des images flashies et peu naturelles.

Travail de la couleur

Une autre étape importante consiste à travailler sur la colorimétrie de votre image. Utilisez les outils de réglage des couleurs de Lightroom (onglet TSL) pour ajuster les teintes, la saturation et la luminance de chaque couleur individuellement. Cette approche vous permet de créer une palette de couleurs harmonieuse et de donner à votre image l’apparence souhaitée. Veillez à ne pas exagérer les ajustements et à conserver un aspect naturel.

En général, je commence par faire un réglage de la luminosité de chaque couleur individuellement, puis la teinte et ensuite la saturation. Gardez à l’esprit que votre boîtier ne voit pas les couleurs comme vous et que vous devez réajuster ces paramètres en fonction de votre vision, votre expérience et de ce que vous considérez comme vrai et naturel.

Si vous n’êtes plus très sûre de vos réglages à ce moment-là, prenez une pause, et aller faire un tour à l’extérieur pour observer le monde. Concentrez-vous sur la couleur de l’herbe, du ciel, des matériaux (Le mieux étant d’être dans les mêmes conditions que la prise de vue, même saison, même heure, même météorologie, etc.) mais prenez le temps. Vous verrez que de retour devant votre écran, votre vision sera totalement nouvelle et vous aurez un regard bien plus critique sur votre travail. Recommencez ou revenez dans plusieurs jours sur votre image et petit à petit, vous aiguiserez votre œil et vos réglages seront de plus en plus convaincant. N’oubliez pas aussi la balance des blancs, ce que vous trouviez juste en termes de colorimétrie l’autre jour ne vous plaira peut-être plus avec un nouveau regard.

Réglages colorimétriques que j’ai appliqué à l’image sur les différents outils proposé par Lightroom.

Photo finalisée et développée à l'aide d'un profil linéaire NEGLIN-LR
Photo finalisée et développée à l'aide d'un profil linéaire NEGLIN-LR

Et après..?

Finalisez le développement du fichier avec une accentuation si nécessaire (chose que je ne touche quasi jamais) une éventuelle réduction du bruit, la suppression d’aberrations chromatiques et un léger vignettage pour fermer l’image.

Le dernier réglage, facultatif, se situe dans l’onglet « Étalonnage » où vous pouvez jouer sur les trois couches primaires RVB. Attention toutefois à être très subtil sur ces curseurs au risque de déséquilibrer les couches et finir avec une forte dominante de teinte. Personnellement, je ne touche qu’au curseur saturation, et avec des valeurs très faibles.

C’est à ce moment là que vous pouvez apporter votre touche personnelle… virage, Color grading etc.

Conclusion

Le développement d’un fichier RAW sous Lightroom en utilisant un profil linéaire offre un contrôle précis sur le rendu final de votre image. En comprenant les profils linéaires, en effectuant des ajustements de base, en appliquant un profil linéaire approprié et en peaufinant les réglages, vous pouvez maximiser le potentiel de vos photos tout en conservant les détails et la dynamique. N’oubliez pas d’expérimenter, de prévisualiser et d’ajuster selon vos préférences artistiques. Avec ces techniques, vous serez en mesure de développer vos fichiers RAW de manière optimale et de créer des images percutantes et mémorables.

Bien que l’on conseil de préserver les hautes lumières dans cet article, il y a des cas où la latitude d’exposition de votre boîtier ne sera pas capable de saisir la totalité du spectre disponible dans la scène (cas de fort contraste, sujet à contre-jour, etc.). Dans ce cas, il vous faudra soit faire un choix, c’est-à-dire exposer pour les hautes lumières ou pour les ombres, soit utiliser le bracketing d’exposition et fusionner les différentes expositions dans un logiciel (HDr dans Lightroom, fusion manuelle dans Photoshop…) ou alors utiliser de la lumière d’appoint comme un réflecteur, une source de lumière quelconque, comme une lumière continue, un flash cobra ou mieux encore un flash de studio déporté.

Mais dans tous les cas, un développement linéaire fonctionnera.

Liens de cet article

Quelques articles de référence sur la création, l’installation et l’utilisation des profils linéaires :



Les profils linéaires que j’utilise avec Lightroom :



Logiciel Adobe DNG Profil Editor pour la création de profils personnalisés :



Comprendre le réglage Dynamique Range (DR) sur les boîtiers Fujifilm :



Et enfin le posemètre/flashmètre que j’utilise :

Textes et photos © Nicolas Logerot, sauf mentions contraires.

LIKE

Partager cet article

Restez en contact

Pas de spam / RGPD friendly

Autres articles:

S’abonner
Notification pour
guest

3 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
3
0
Vous pouvez laissez un commentaire !x

Login